Il est primordial de disposer d’un écosystème favorable à l’innovation

À l’occasion des 40 ans de l’association France Invest, Pauline Roux, Administratrice de France Invest et Co-présidente de la commission Venture & Growth, revient sur le rôle central des sociétés de gestion spécialisées dans le capital-investissement dans le financement de l’innovation. Ces dernières sont présentes à tous les stades du développement des entreprises : de la mise sur le marché d’une innovation technologique à son internationalisation. Elles contribuent ainsi à la création d’emplois et à la transformation du tissu économique des PME en Île-de-France et en région.

Quel regard portez-vous au sein de France Invest sur l’évolution de l’écosystème de financement du venture capital et du growth en France, vous qui fêtez cette année vos 40 ans d’activité ?

L’évolution est spectaculaire en quelques années ! Il y a 40 ans, l’ensemble des acteurs du capital-investissement représentait 150 M€ d’investissement par an environ, alors que le seul financement du venture & growth (capital innovation) a représenté 19 Md€ au total sur les six dernières années. Un écosystème complet a émergé en moins de dix ans, avec des acteurs de toutes tailles, qui a su attirer les investisseurs français et internationaux et soutenir le développement de la French Tech. Dans un environnement plus complexe, il nous semble fondamental de préserver cet outil important pour le financement de l’innovation. Il nous reste d’ailleurs du travail : les financements venant des fonds français représentent aujourd’hui encore seulement 30 % des montants investis dans les startups françaises. C’est moins vrai aujourd’hui grâce à des initiatives comme le programme Tibi, mais les acteurs français et même européens en capacité de soutenir des entreprises au-delà des grands tours de table restent très – trop – rares, et les acteurs américains prennent souvent le relais, ce qui peut conduire à terme des pépites à quitter le sol européen.

Que représentent les entreprises que vous accompagnez pour l’économie française ? Les start-up sont elles aussi bien financées en région qu’en Île-de-France ?
Environ 189 sociétés de gestion sont actives sur le segment du venture & growth, parmi les 440 adhérents de France Invest. À fin 2023, elles soutiennent près de 3 000 startups et scale-up qui emploient près de 122 000 personnes. Ces entreprises sont réparties sur l’ensemble du territoire français avec, il est vrai, une concentration en Île-de-France (43 % environ), mais de nombreux acteurs sont établis en région, et y ont parfois leur siège, et sont de plus en plus à même d’accompagner les entrepreneurs dans les territoires. De nombreuses initiatives, y compris conduites par France Invest, permettent de rapprocher les entreprises en région des VC basés à Paris, et il est important de poursuivre ces efforts.

Quels sont les types de fonds auxquels les entrepreneurs peuvent s’adresser ?

Certains fonds de capital-innovation ont un positionnement généraliste et interviennent sur tous les secteurs d’activité et sur la plupart des stades de maturité des entreprises à savoir de l’amorçage à la série B/C, mais d’autres fonds sont spécialisés sur certains secteurs (deeptech, IA, cleantech,…) ou stades de développement. Les fonds de venture sont principalement là pour aider les entrepreneurs à structurer leur projet, à définir des cas d’usage, à recruter etc. Les investisseurs sont ainsi très présents en accompagnement actif auprès des équipes fondatrices, sans toutefois s’immiscer dans la gestion opérationnelle des sociétés. Au contraire, les fonds growth ou de croissance investissent dans des entreprises qui sont déjà développées et ont parfois atteint le seuil de rentabilité, mais qui vont avoir besoin de s’internationaliser ou de trouver de nouveaux relais de croissance.

L’ambition, c’est de continuer à être un moteur d’innovation pour la France. La tech, notamment, est absolument essentielle pour préparer l’avenir de nos économies, et la France n’a pas du tout à rougir de ses entrepreneurs, de ses chercheurs et de son écosystème de startups.